Interview 2.0 : Ghislain KODJO, professeur de français au Bénin à Tech-entrepreneur en France.
Publié par Kareen Zega le
Désormais, chaque mois nous vous ferons plaisir sur le blog des natifs du web ( comme nous l’avons toujours fait ) en allant à la découverte d’un passionné, d’un natif du web comme on aime appelé ici sur le blog. Aujourd’hui nous allons à la rencontre de Monsieur Ghislain KODJO, qui est ce ? qu’est ce qu’il fait ? Comment il gère sa vie en tant qu’entrepreneur tech ?
Moi, Kareen ZEGA , votre contributrice sur le blog des natifs du web , je suis allée à sa rencontre. Merci de découvrir l’interview exclusive de ce passionné.
Kareen ZEGA : Bonjour Monsieur Ghislain KODJO ! Pourriez-vous présenter et revenir sur votre parcours professionnel ?
Ghislain KODJO : Bonjour chère Kareen Z. , Je m’appelle Ghislain KODJO et je suis béninois résident dans le sud de la France. Après des études de Lettres Modernes à l’Université d’Abomey-Calavi (Bénin), j’ai enseigné en tant que professeur vacataire dans plusieurs collèges et lycées du Bénin avant de poser mes valises à Poitiers (France) en 2013 pour effectuer un Master littéraire, spécialité « Livres et Médiations culturelles ». À l’écoute de l’évolution du marché de l’emploi et surtout passionné par tout ce qui touche au numérique, j’ai abandonné le Master littéraire à la fin de la première année, j’ai déménagé à Toulon pour m’inscrire dans un Master webmarketing spécialité « E-rédactionnel ». Et j’ai bien fait, car c’est grâce à ce Master et à mes différents stages que je me suis vraiment professionnalisé dans le webmarketing.
Après avoir travaillé pendant 2 ans au sein de différentes entreprises françaises, je me suis mis à mon compte en créant mon agence de communication digitale en avril 2017.
Depuis lors, je collabore avec plusieurs entreprises et médias d’envergure internationale comme Madame Figaro, Forbes, Marie Claire, Marie France, Auto Moto, pour ne citer que celles-là. En mai 2018, animé par la volonté de contribuer, à mon niveau, à l’évolution du numérique en Afrique francophone, j’ai lancé ma page Facebook Digitalement Parlant qui s’adresse essentiellement aux jeunes africains désireux de découvrir les opportunités qu’offre le numérique et de gagner leur vie dignement et légalement.
Kareen ZEGA : Selon vous, quelles sont les compétences et les qualités requises pour se lancer dans le domaine Tech en tant qu’entrepreneur ?
Ghislain KODJO : Plus qu’une question de compétences, je dirai qu’il faut surtout avoir l’envie et la détermination pour aller au bout des choses. Je suis littéraire de formation. J’ai fait les Lettres Modernes avant de m’orienter vers le webmarketing et aujourd’hui 70% de mon chiffre d’affaires vient de la création de stores en ligne pour les entreprises. Lorsqu’on a la volonté et la détermination, et surtout lorsqu’on sait apprendre on peut tout. Je dirai donc à ceux qui veulent se lancer dans le milieu du Tech de ne pas avoir peur. Il suffit d’apprendre à apprendre et ils s’en sortiront. Rien n’est facile ni difficile, tout est question de volonté. Savoir s’entourer des bonnes personnes et savoir chercher, être curieux et surtout être à l’affût des dernières innovations sont les qualités que doit avoir un entrepreneur digital. Les compétences suivent naturellement.
Kareen ZEGA : En tant que jeune Africain leader dans le domaine de la technologie, pouvez-vous nous dire quelles sont vos sources de motivation ?
Ghislain KODJO : Je viens d’une famille pauvre et j’ai dû braver plusieurs épreuves dans la vie pour être où je suis. Alors sans passer par 4 chemins, ma plus grande source de motivation c’est la rage de vaincre, de changer mon destin et l’envie d’inspirer mes petits frères afin de leur montrer le chemin. À l’école on nous apprend à réussir des examens, mais personne ne nous apprend à réussir notre vie. Personne ne nous apprend à gagner de l’argent. Avec le temps, j’ai compris que réussir sa vie, concrétiser ses rêves n’était pas une histoire de chance seulement, mais un art qui s’apprend et se perfectionne. Alors chaque jour, je ne me bats pas seulement pour y arriver, mais surtout pour montrer que c’est possible. Alors, bien évidemment pour cela, j’observe ceux qui ont pris le même chemin que moi, m’inspire de leur parcours pour créer le mien. Je me réfugie beaucoup dans les livres, et vous ne me croirez peut-être pas quand je vous dirai que je reste parfois 2 semaines dans mon appartement sans mettre les pieds dehors. Je suis aussi beaucoup de vidéos de motivations spécialement américaines, car ils ont une longueur incroyable sur nous. Les gens comme Dan Lok, Akex Becker’s, Dan Pena et certains français comme Anthony Nevo font des choses incroyables qui me motivent beaucoup.
Kareen ZEGA : Pourriez-vous nous raconter un peu comment êtes-vous arrivé à Digitalement parlant ?
Ghislain KODJO : Comme je le disais plus haut, j’ai créé Digitalement en 2017 après avoir mis mes compétences au service de différentes entreprises françaises. Je voulais surtout tester ma capacité à développer un business seul. Et puis à force de travail, je commence à voir le bout du tunnel. Quoi qu’il en soit, avoir une entreprise c’est un défi perpétuel. Rien n’est gagné à d’avance et on ne peut se permettre de dormir sur ses acquis quand on rêve d’impacter beaucoup de gens et de faire profiter à davantage de personnes, ce qu’on a appris avec le temps.
Kareen ZEGA : Quelles sont les différentes missions liées à votre travail au sein de
Digitalement parlant ?
Ghislain KODJO : Digitalement Parlant a deux branches : une branche française et une branche africaine. En France, je fais essentiellement du B2B (Business To Business), c’est-à-dire que je ne traite qu’avec les entreprises. Je mets à leur disposition des outils pour accroitre leur visibilité sur le net. Cela passe par le Content Marketing, l’acquisition de trafic via la publicité online (Facebook, LinkedIn, Google ads et autres).
Par ailleurs, en Afrique, Digitalement Parlant plutôt dans de l’e-learning. En effet, j’ai remarqué d’une part que les jeunes africains étaient très attirés par le numérique et d’autre part qu’ils n’avaient pas accès à des informations fiables et actualisées. Je connais, d’ailleurs, beaucoup d’agences web qui ignorent encore à ce jour, ce qu’est l’inbound marketing, le Growth hacking, le tunnel de conversion et bien d’autres concepts pas si nouveaux que ça. Cela signifie qu’elles stagnent. Elles ne s’actualisent pas. Il y a 2 mois, j’ai lancé une opération de création d’applications mobiles en 10 minutes sur ma page Facebook. Beaucoup m’ont traité de charlatan. Pour eux c’est impossible. Pourtant l’intelligence artificielle a tellement évolué aujourd’hui que ce qu’on arrive à faire en des temps records dépasse l’entendement humain. Pour l’instant Digitalement Parlant fait encore peur à certaines personnes. Elles buggent face à toutes les innovations dont nous parlons et préfèrent ne pas y croire que de s’avouer qu’il est peut-être temps pour elles de se mettre à jour. Et c’est cela aussi l’un des défis majeurs de notre branche africaine. Ce n’est pas évident de dire à des gens qu’on peut faire en 10 minutes ce qu’ils faisaient en un mois. On en est conscient.
Kareen ZEGA : Dites-moi, comment se déroule votre journée type en tant qu’entrepreneur dans le domaine de la technologie ?
Ghislain KODJO : En vérité je n’ai pas de journée type, puisque depuis plus de 2 ans, je n’ai aucune journée qui se ressemble. Étant sur différents projets à la fois, je n’effectue pas les mêmes tâches tous les jours. Mais pour quand même répondre à votre question, chaque soir j’établis un agenda pour le lendemain et je m’endors toujours mon ordinateur aux pieds du lit. Au petit matin, vers 7h, la première chose que je prends c’est mon ordinateur pour consulter mes mails, vérifier les ventes effectuées pendant la nuit. Alors, en fonction du programme de la journée, je tournerai des vidéos de formations gratuites ou payantes, rédigerai des articles pour mes clients, bosserai sur mes commandes de création de sites d’entreprise ou d’e-shops, passerai des heures au téléphone avec des partenaires, animerai mes réseaux sociaux, etc. Je n’ai, à proprement parler, pas vraiment de journée type. Chaque jour vient avec une surprise et une urgence à traiter, étant donné qu’actuellement je bosse sur au moins 5 gros projets où sont impliqués différents gros partenaires.
Kareen ZEGA : Quelles sont les évolutions actuelles dans votre domaine et comment voyez-vous ce domaine dans 3 ans voire 10 ans en Afrique francophone ?
Ghislain KODJO : J’évolue dans le domaine du digital et plus précisément dans l’e-commerce et l’e-learning. Je suis profondément convaincu que d’ici 3 ans, il y aura une véritable révolution dans le milieu de l’e-commerce et du webmarketing en Afrique francophone. Aujourd’hui on parle de certains leaders dans le milieu du digital, mais je peux vous assurer que ce qui se prépare pour demain pour l’Afrique est immense. L’Afrique est une aubaine aujourd’hui, car c’est encore un marché quasiment vierge avec une démographie impressionnante. Quand on est dit que l’Afrique est l’avenir, ce n’est pas juste des mots. Les seules personnes qui ne sont pas encore rendues compte de la bataille numérique pour conquérir le marché africain dans 3 à 5 ans, ce sont les Africains eux-mêmes. Mais il y a de l’espoir, car je vois des jeunes qui travaillent aujourd’hui d’arrache-pied pour trôner fièrement demain sur cette révolution et avoir une place de prince sur le marché. On aura beaucoup de jeunes brillants, d’à peine 20 ans qui vont régner en maître sur le marché du numérique et donneront du fil à retordre à beaucoup d’agences web classiques qui sont restées bloquées dans les années 2000 et ont du mal à se renouveler.
Kareen ZEGA : Si vous n’étiez pas dans le domaine de la technologie, quel métier auriez-vous fait ? Et dites-moi pourquoi ?
Ghislain KODJO : Si je n’étais pas dans le webmarketing, j’aurais été professeur de littérature parce que je suis un passionné de lettres. Mais j’ai su trouver, grâce au numérique, le moyen de combiner mon amour des nouvelles technologies à ma passion des lettres. Et je dois avouer que je suis quand même un sacré chanceux.
Kareen ZEGA : Quels sont vos éventuels projets d’expansion de votre domaine pour les jeunes d’aujourd’hui ?
Ghislain KODJO : Mon grand projet c’est de faire en sorte que la majorité des jeunes Africains qui courbent sous le poids du chômage apprivoise le web et en fasse une source de revenus légale et sans arnaque. Pour cela je développerai plusieurs modules de formations aussi bien gratuites que payantes en création de sites web, en dropshipping et e-commerce, en affiliation web… Avec des partenaires américains et indiens, nous développons aussi des logiciels professionnels, mais faciles d’utilisation qui permettent à des novices d’effectuer des tâches que seuls les développeurs web et les webmarketer expérimentés pouvaient exécuter. Et puis à titre personnel, je travaille sur un projet e-commerce de grande envergure dont on aura peut-être l’occasion d’en parler une fois qu’il sera finalisé. Pour l’instant, je préfère le préserver.
Kareen ZEGA : Quel est votre mot de fin ? Et aussi quels conseils pouvez-vous donner à la jeunesse africaine en général ?
Ghislain KODJO : Déjà je vous remercie pour ce que vous faites pour la promotion du secteur digital. Keep it up. Ne lâchez rien.
Pour la jeunesse, dont je fais partie aussi, je dirai d’oser. N’ayons pas peur d’oser. J’aurais pu avoir un CDI tranquille dans une entreprise avec tout ce que j’ai comme connaissances et expériences, mais j’ai préféré tracer mon propre chemin sans avoir peur des échecs. Je sais, certes, que ce n’est pas facile. Surtout quand on vit en Afrique. Beaucoup peinent à manger quotidiennement. Je connais des gens qui vivent avec moins de 20 mille francs CFA par mois et qui subissent des situations pathétiques et miséreuses. Je veux leur dire que, c’est quand on est au fond du trou, qu’il faut le plus se concentrer pour trouver les moyens de s’en sortir. Ne laissez pas la faim ou le manque d’argent vous distraire. Gardez votre esprit ouvert. Frappez à toutes les portes, cherchez, soyez curieux, formez-vous si vous en avez l’occasion et tôt ou tard, vous verrez la lumière du soleil.

Je suis Kareen Z. Co-Redactrice du blog des » Natifs du Web » , Amoureuse et passionnée du Marketing Digital je souhaite vous communiquer ce que j’ai au fond de moi sur ce blog.
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